Le calendrier chinois, le temps et les saisons.

Le calendrier chinois dont les racines remontent à l’empereur jaune (Huang Di) il y a environ 2700 ans avant notre ère, est un calendrier dit luni-solaire dont le premier jour de chaque mois correspond à la nouvelle lune (absence de lune dans le ciel) et le quinzième jour à la pleine lune. Si la durée des mois suit les phases de la lune leur succession est basée sur le cycle du soleil.

Calendrier Tàichū

L’association luni-solaire est ancienne, puisqu’on a retrouvé sur des écrits divinatoires de la dynastie Shang (environ 1570 à 1045 av. J.-C.) l’année de 12 mois lunaires avec 1 ou 2 mois intercalaires. C’est à partir de 841 av. J.-C. (Zhou occidentaux) que l’on a des indications calendaires précises. Le premier mois du calendrier Zhou commence toujours aux alentours du solstice d’hiver ; il n’y a pas de règle astronomique précise pour la place du mois intercalaire.

Le calendrier royal n’est pas en vigueur partout car les vassaux en promulguent parfois un autre de leur choix dans leur fief, particulièrement à partir des Royaumes combattants, lorsque le pouvoir central ne fait plus le poids devant la montée des hégémons (chefs militaires). C’est vers cette période, en 484 av. J.-C., qu’apparaît un système comparable au cycle métonique (En astronomie et dans l’établissement des calendriers, le cycle de Méton ou cycle métonique est un commun multiple approximatif des périodes orbitales de la Terre et de la Lune) qui prévoit sept années dites embolismiques (contenant chacune un mois supplémentaire) réparties sur un cycle de 19 ans. En 256 av. J.-C., le royaume de Qin fixe le 11e mois au solstice d’hiver.

Comme Qin fondera l’empire, ce principe sera repris par les Han pour le calendrier Taichu ou calendrier du « Grand commencement » (太初, tàichū instauré en 104 av. J.-C. par l’empereur Wudi. Bien qu’il subsiste d’autres calendriers spécialisés (astrologiques, astronomiques etc.), le calendrier Taichu devient la référence principale jusqu’au XXe siècle. Le solstice d’hiver y tombe toujours au 11e mois. Est considéré comme intercalaire le mois pendant lequel le Soleil n’entre pas dans un nouveau signe.

En raison des difficultés de calcul astronomique, les mouvements du Soleil et de la Lune sont tout d’abord des moyennes, et non les mouvements réels. C’est seulement en 619, sous les Tang, que la Lune réelle remplace la lune moyenne. L’utilisation du Soleil réel devient possible à partir de 1645 (dynastie Qing) grâce au calcul par sinusoïdes introduit par le Jésuite Adam Schall. (Source Wikipédia)

Les 12 mois lunaire de 29 ou 30 jours (pour respecter la durée moyenne d’une lunaison qui est de 29,53 jours) ne suffisant pas à faire une année solaire, qui elle dure 365,2422 jours, on ajoute 11 mois sur une période de 19 ans. Cela fais donc des années à 12 ou 13 mois. Les année de 13 mois sont intercalées tous les 2-3 ans. Grâce à ce système les équinoxes tombent toujours dans les 2ème et 8ème mois et les solstices dans les 5ème et 11ème mois de l’année lunaire. Le mois intercalaire et simplement la répétition du mois précédent et porte le même nom.

Dans la relation au yin-yang, la lune est le Tai yin (yin suprême) et le soleil est le Tai yang (yang suprême), le 11ème mois correspond toujours au solstice d’hiver. En effet à l’apogée du yin apparait le yang (Taiji). Le nouvel an chinois (entre le 21 janvier et le 20 février) débute donc toujours lorsque le yang reprend le dessus sur le yin, période qui a commencé au solstice d’hiver.

  • L’équinoxe de printemps correspond au milieu du printemps
  • Le solstice d’été correspond au milieu de l’été
  • L’équinoxe correspond au milieu de l’automne
  • Le solstice d’hiver correspond au milieu de l’hiver
Calendrier Tàichū

Les 24 termes solaires, Jie Qi

Ce calendrier solaire se base sur la course du soleil ainsi que des 6 autres astres errants qui dessinent un cercle sur la voûte céleste (écliptique). Il est mis en place pour l’agriculture et divise l’année en 12 mois solaire divisés en 2 période pour un total de 24 périodes de 15 jours, les Jie (noeuds) Qi (souffles). Il est ainsi assez proche du calendrier Grégorien (occidental) et ne nécessite pas de mois intercalaire.

Bien que le calendrier agricole ne prenne pas en compte les mouvements de la Lune, la vie des paysans était également rythmée par les fêtes traditionnelles, dont la date dépend, elle, du calendrier luni-solaire. Il était important de savoir déterminer la date du Nouvel An chinois dans le calendrier solaire. C’est en principe le jour de la nouvelle Lune qui tombe durant la période dite lichun ou en est le plus proche. (Wikipédia)

Le cycle sexagésimal chinois

Ce cycle permet de dénombrer le temps sur des cycles de 60 ans grâce à l’utilisation de la combinaison de deux outils que sont les 10 tiges célestes (天干, tiāngān) et les 12 branches terrestres (地支, dìzhī). Il a pour but de respecter les cycles de la Lune et du Soleil ainsi que des 5 planètes visibles à l’oeil nu qui reviennent à la même position tout les 60 ans. Cet ancien système de notation et de datation chinois est toujours utilisé en astrologie, en chrono-acupuncture ou dans le feng-shui par exemple.

  • Les tiges célestes sont associées à partir du IIème siècle avant J-C aux 5 éléments ( Wǔ Xíng ). Ils représentent les 10 énergies du ciel, les transitions saisonnières des 5 mouvements avec pour chaque paire, un aspect yin et un yang.
Tiges célestes
Relation aux 5 éléments et au Yin Yang
  • Les branches terrestres qui servent au décompte des ans à l’aide des rameaux terrestres faisait à l’origine commencer l’année au jour dit lichun (立春), « commencement du printemps », situé à mi-distance entre le solstice d’hiver et l’équinoxe de printemps, lorsque l’astre atteint 315 degrés de longitude solaire. Par la suite, l’usage a déplacé le début de l’année au Nouvel An chinois, qui commence à la deuxième nouvelle lune après le solstice d’hiver. Néanmoins, l’astrologie n’a pas oublié l’ancien système, et on peut voir quelques almanachs qui le suivent. Sous l’influence de l’astrologie persane transmise via l’Inde et le Tibet, à chacune des branches terrestres s’est trouvé associé un animal. Cette série de douze animaux, désormais populaire dans de nombreux pays sous le nom de signes chinois ou « zodiaque chinois », était aussi employée par les japonais, les coréens, les vietnamiens et les chinois d’Asie du Sud-Est, avec parfois quelques variations dans la nature des animaux. Les branches terrestres peuvent aussi décompter douze périodes de temps correspondant chacune à deux jieqi (節氣), divisions du calendrier chinois agricole. Ces périodes, établies sur des bases astronomiques solaires, correspondent approximativement aux mois lunaires. Pour les besoins astrologiques et religieux, les almanachs donnent les dates exactes de changement de jieqi.

Comment déterminer les cycles des saisons d’un point de vue médecine chinoise?

Déterminer les saisons du point de vue de la médecine chinoise peut rapidement devenir un casse tête. Je vais essayer d’expliquer pourquoi. On considère qu’il y a 4 saisons en rapport avec les 5 éléments des Wǔ Xíng, le printemps correspond au mouvement du foie, l’été au mouvement du coeur, l’automne au mouvement du poumon et l’hiver au mouvement du rein. A cela doit s’ajouter le mouvement de la rate. Pour mieux comprendre la théorie des Wǔ Xíng, je vous conseille de lire l’article suivant ici. Il permet de comprendre les relations organes-saisons notamment.

Le mouvement de la rate est considéré comme étant la période transitoire entre chaque saison qui permet de passer d’une saison à l’autre de manière harmonieuse. Si on se réfère au Classique de l’Empereur Jaune (texte fondateur de la médecine chinoise), elle définit ceci : « Pi (la rate) est maître de l’organisme en fin d’été » ce qui peut laisser penser à une cinquième saison (été indien). Dans les commentaire issus du Ling shu (pivot merveilleux), au chapitre 19, Du climat et des 4 saisons, on fait mention d’une inter-saison de 18 jours entre chaque saisons. C’est l’idée couramment adoptées.

Ainsi pour définir les saisons il faut la date du début du printemps par exemple le 4 février pour l’année 2020. Si on imagine 5 saisons égales (en comptant l’intersaison comme une saison a part entière) on arriverait à 4×18=72 (durée d’une saison) et 72×4=360jours (durée de l’année) qui correspond aussi au 24 Jie Qi dont nous avons parlé plus haut.

Cela pose donc le problème suivant, en 2020 par exemple l’année grégorienne compte 366 jours, il manque donc 6 jours… Il faut donc compenser avec la rotation cyclique qui fait que les dates d’année en année diffèrent légèrement.

Voici le calendrier pour l’année 2020 avec le 24 Jie Qi

Pour y placer les inter-saisons il suffit de compter 18 jours à cheval sur chaque début de saison.

  • L’inter-saison du printemps commence le 27 janvier et finit le 14 février.
  • Celle de l’été débute le 27 avril et finit le 14 mai.
  • Pour l’automne cela débute le 30 juillet et finit le 16 Août.
  • Pour l’hiver elle débute le 30 octobre et finit le 18 novembre. .
Vue d’ensemble à titre indicatif

En conclusion si l’approche est assez ardue, rappelons nous de ceci: « Ce qui est souple et malléable, triomphe de ce qui est ferme et rigide. Ce qui est faible triomphe de ce qui est fort. Le poisson ne peut pas être ôté de l’eau profonde. (Yuan le tourbillon profond). » Dao De JIng.

Gardons à l’esprit la souplesse nécessaire pour appréhender ce point de vue tout en restant vigilant aux sensations du temps et des saisons qui passent et ce quelles impliquent comme changements en nous, et autour de nous. Tout fonctionne dans un ensemble.